Contrairement aux idées reçues, le charisme n’est pas dans une attitude de puissance auto-centrée, mais l’art d’être centré sur les autres. Empathie, écoute, partage d’une vision, ouverture au dialogue, qualités de guide, le leader charismatique tient compte de chacun et le montre. Il ne s’agit pas de démagogie, mais de la conscience que sa réussite dépend aussi des autres et de ses relations avec eux.
Cette aptitude à se centrer sur l’autre pour l’amener à nous suivre requiert des qualités d’intelligence émotionnelle, ainsi qu’une personnalité équilibrée qui ne sera pas déstabilisée par les réactions de ses interlocuteurs.
Parmi les nombreuses définitions du charisme, quelques approches semblent intéressantes à étudier, en lien avec le savoir-être.
1. Le charisme résulte de la congruence
Etre charismatique implique que pensées, actes, émotions soient en phase.
Prenons un exemple : un manager exprime son mécontentement à un collaborateur qui vient pour la seconde fois de manquer de respect à son client :
« Je ne suis vraiment pas content » dit-il avec un langage non-verbal ad hoc – il le dit car le pense et le vit émotionnellement.
« Je vais confier ce client à un autre collaborateur – je t’avais prévenu et je le fais. »
Le manager pense qu’une limite a été dépassée, il vit l’émotion correspondante (colère) et dans cette énergie le dit et passe à l’action (fait en sorte que la limite ne soit plus franchie à l’avenir). Cette congruence globale est perçue de l’extérieur.
Qu’est-ce que cela apporte ? Force de conviction, crédibilité, confiance, respect.
Le contre-exemple serait, dans la même situation, que le manager ne s’autorise pas la colère, dise qu’il est mécontent, mais sans le ressentir ou sans agir en conséquence.
La congruence donne de l’assertivité, une composante essentielle du charisme.
2. Le charisme résulte du fait de posséder des qualités contraires
Prenons un exemple : être réactif mais capable de prendre du temps quand c’est nécessaire, posséder un esprit analytique et savoir synthétiser…
Développer la qualité contraire à celle du talent principal, c’est renforcer ce talent et éviter qu’il ne tombe dans l’excès (comme la précipitation ou l’analyse à l’extrême). La force symétrique des deux pôles donne une personnalité complète, et produit du charisme.
Celui qui est très prévoyant doit apprendre à improviser, celle qui est bienveillante et souple doit travailler l’autorité et les limites. Il demeure donc une part de mystère dans le charisme. Cela nous invite à réfléchir sur comment il est possible de progresser et d’apprendre à devenir un leader.
3. Partager une vision, proposer un projet
En tant que manager, on vous demande d’entraîner avec vous une équipe, c’est-à-dire d’avoir du charisme dans le sens de leadership. Un manager charismatique va savoir donner du sens, montrer une direction et expliquer le contenu d’un projet. Pour cela, il faut avoir une vision, un projet dans lequel on veut s’inscrire avec son équipe. Ce projet doit s’accorder avec la stratégie de l’entreprise mais aussi être cohérent avec sa propre personnalité. Bien sûr, il est difficile de demander à un manager du charisme alors qu’il évolue dans une organisation technocratique.
4. Apprendre à communiquer
Formaliser son projet et le communiquer, aussi bien en face à face que devant un public nombreux, est essentiel. Or, les managers ne savent pas forcément verbaliser, avec émotion, un discours intellectuel rédigé. Cette dimension émotionnelle qui permet de manifester une implication personnelle, sa gestuelle, exprimer ses ressentis sincères, sont autant de difficultés à franchir. La complexité du langage du corps implique de lâcher prise, de trouver un naturel cohérent.
5. Etre attentif aux autres et à soi
Comment se comporte-t-on dans l’intimité, avec des proches, des amis ? Comment réagissent les autres ? Que peut-on transposer d’un univers à un autre ? De même, il est possible de s’appuyer sur des modèles ou des contre-modèles, liés à aux valeurs, à l’ambition ou à la technique. Ces modèles peuvent être des hommes politiques, des personnages historiques, des grands patrons… Etre curieux, savoir s’intéresser aux autres et apprendre des autres.
6. Accepter la perception des autres
Il est possible d’apprendre à dissocier les enjeux, les événements du jugement qu’ils peuvent produire, et des émotions qu’ils procurent. Cela implique d’adapter son comportement selon les réactions des collaborateurs et de son entourage, poser des questions, quitte à risquer d’apprendre ce qu’ils pensent vraiment. Revenir sur les petits incidents et cherchez à comprendre les réactions aide à comprendre ce que les autres ressentent vraiment. Le charisme se construit également dans la perception que l’on peut avoir des détails et du niveau d’attention que l’on offre à ses collaborateurs.
7. Inspirer confiance
Avec une vision claire de l’avenir, exprimée avec congruence et partagée avec ses collaborateurs, auxquels on prête une grande attention, il es possible de gagner en confiance en soi, et donc celle des autres. Et cette confiance autorise plus aisément à exprimer des incertitudes ou des inquiétudes, des envies ou des désirs. Le manager charismatique est avant tout humain. Il rassure et s’expose en permanence.
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