En lui-même le stress au travail peut être stimulant. Mais quand il survient dans un environnement où le salarié a peu de marges de manœuvre, il devient en revanche mortel.
Une étude dont les résultats sont publiés dans le Journal of Personnel Psychology vient de montrer que disposer d’autonomie au travail et pouvoir maîtriser son organisation est littéralement une question de vie ou de mort. L’équipe s’est penchée sur le destin de 10.000 Américains qui ont commencé à travailler dans les années 1950. En analysant leurs parcours de vie et en particulier leur vie professionnelle, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que le meilleur prédicteur de mortalité précoce était d’avoir travaillé dans un environnement stressant sans avoir d’autonomie sur l’organisation de son travail. Quand ce haut niveau de stress est associé à une autonomie importante dans le travail, cette probabilité de mourir décroît à l’inverse de 34%, détaille le site Fast Company.
Le résultat vient confirmer que le stress n’est pas mauvais en lui-même. Pour certaines professions dans lesquelles le salarié a la maîtrise de la prise de décision et de l’organisation, il peut stimuler l’activité intellectuelle et s’apparenter à un «challenge». Selon l’auteur de l’étude Erik Gonzalez-Mulé de l’université de l’Indiana, un «emploi stressant peut ne pas être aliénant, mais énergisant. Vous êtes capable de fixer vos propres objectifs, vous êtes capable d’établir des priorités. Vous pouvez décider de la façon dont vous allez travailler. Ce stress peut devenir plaisant.»
Surtout dans le bâtiment et la vente
En revanche, il est fatal quand il survient dans un contexte de contrainte et de management strict. Sans surprise, ces travailleurs à risque étaient en majorité des ouvriers, en particulier dans le bâtiment ainsi que des employés des ventes et du service en contact direct avec la clientèle. Pour ces travailleurs, l’absence d’autonomie et la soumission aux ordres est associée à différents risques sanitaires, comme le fait d’être en surpoids ou de fumer. En revanche, les cadres et professions intellectuelles étaient épargnées tout comme les agriculteurs: tous ont en commun un plus haut niveau d’autonomie au moins dans l’organisation de leur travail, sinon dans la fixation de leurs propres objectifs. Selon Erik Gonzalez-Mulé, «les employés devraient avoir voix au chapitre dans le processus de définition des objectifs à atteindre.»
Ces résultats rappellent que les bullshit jobs (métiers vides de sens) ou le bore-out (ennui profond au travail) font partie des plaies du travail moderne les plus commentés, mais pour regrettables qu’ils soient, n’épuisent pas les manifestations de la souffrance au travail. Et sont loin d’être les plus grands dangers qui planent sur les travailleurs.
Repéré par Jean-Laurent Cassely - Slate
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