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Assistance technique chez Airbus, conception industrielle chez Ford, showroom virtuel chez Rémy Martin… Tour d’horizon des premiers cas d’usage du casque de réalité augmentée Hololens.

Dans le sillage des Google Glass lancées en 2012, une dizaine de start-up se sont essayées à commercialiser des lunettes en réalité augmentée. En vain. Toutes se heurtant aux mêmes limites que Google : une autonomie faible et des applications trop peu nombreuses. En 2014, Microsoft levait le voile sur HoloLens. Un casque de réalité mixte avec une autonomie plutôt satisfaisante (de 2h30 à 5h30). A la différence du casque de réalité virtuelle de Facebook (Oculus Rift) qui nécessite un PC haut de gamme pour fonctionner, HoloLens embarque son propre ordinateur. Il s’adosse à une déclinaison de Windows baptisée Windows Mixed Reality.

Comme pour les PC, Microsoft permet d’ailleurs à d’autres constructeurs de l’intégrer à leur produit. Et plusieurs fabricants se sont engouffrés dans la brèche : Acer, HP, Lenovo et même Samsung. Principale conséquence : des prix en chute passant sous la barre des 500 euros. De là à commencer à imaginer les premiers cas d’usage en entreprise, il n’y avait qu’un pas.

Parmi les tout premiers scénarios définis, l’engagement client figure en bonne place. En France, Microsoft met en avant une première référence sur ce terrain. Le producteur de Cognac Rémy Martin a déployé des Hololens dans ses boutiques pour proposer une expérience immersive au cœur du vignoble champenois. Le casque projette en surimpression d’une maquette de coteaux nus les vignobles de la Grande et la Petite Champagne en réalité virtuelle dont les eaux-de-vie se mélangent pour donner naissance au Cognac (voir la capture ci-dessous). En parallèle, le visiteur a la possibilité de déguster un verre de Cognac. « Cette application s’est traduite par une hausse de 12% du nombre de bouteilles vendues », se félicite Florent Pélissier, chef de produit HoloLens et réalité mixte au sein du Microsoft France.

Aux côtés de l’expérience client, les déploiements en entreprise d’Hololens ou des casques de partenaires de Microsoft concernent avant tout le secteur industriel. Chez Airbus, Areva, Alsthom, Renault Trucks ou Schneider Electric, la solution est utilisée pour apporter une aide à distance aux techniciens de maintenance. De même avec les agents des sites de production dans le but de réduire les risques d’erreurs de fabrication. Pour guider le personnel de terrain, un expert pourra livrer son savoir-faire à distance, d’abord vocalement, mais aussi en projetant dans le casque, en surimpression de la vision de l’utilisateur, une fiche de procédures, un tutoriel vidéo ou encore des flèches pour indiquer telle ou telle pièce à manipuler (photo ci-après). « Dans certains cas, des gains de l’ordre de 30% de temps d’ingénieur ont pu être estimés », précise Patrice Duboé, directeur technique et innovation chez Capgemini France.

L’aide au design de produits

Chez Enedis, la technologie holographique de Microsoft commence à être utilisée pour cartographier en 3D le réseau électrique en vue notamment de déceler plus rapidement les coupures. « Cela se traduit par des gains de 25% du temps nécessaire pour repérer la défaillance », argue-t-on chez Microsoft. Déployé dans le 17e arrondissement de Paris, le projet devrait être prochainement étendu à d’autres zones. Et Florent Pélissier d’ajouter : « La maintenance assistée via Hololens est également intéressante dans les environnements dangereux, telles que les centrales nucléaires. Chez Framatome, par exemple, les techniciens ont accès via le casque à toute la documentation sur le terrain et peuvent faire appel à des experts métiers, tout en gardant une certaine liberté de mouvement. Ils passent mécaniquement moins de temps au cœur des réacteurs. »

Autre cas d’usage, l’aide au design de produit. Le casque permet par exemple de superposer un plan 3D à une maquette en le faisant apparaître en surimpression de celle-ci. Un procédé qui a été mis en œuvre chez Ford. Au lieu de créer autant de maquettes de voiture que de modèles, le constructeur ne créé désormais plus qu’une seule maquette physique. Les casques HoloLens superposant ensuite à cette dernière des maquettes virtuelles, modifiables à la volée, en fonction des déclinaisons et options du véhicule (tailles, textures, fonctionnalités, couleurs…). « HoloLens permet des itérations rapides, une communication claire avec des mémos vocaux, qu’on peut placer sur la maquette… C’est une réelle plus-value pour toute la chaîne du design », confirme Michael Smith, design manager chez Ford Motor Company. « Même logique chez Alstom où le casque est mis en œuvre pour simuler l’agencement des sièges, les couleurs, l’ambiance (etc.) ou sein des rames de train », enchaîne Patrice Duboé. Le casque se mut ainsi en configurateur de produit, à travers lequel les clients peuvent éprouver les différentes options possibles.

Au Cnes, les casques de réalité mixte ont été identifiés comme un bon moyen d’éprouver la qualité des satellites. Dans la visière de casques Hololens les équipes du centre national d’étude spatial projettent les plan 3D de des appareils en surimpression du satellite en cours de fabrication. « C’est un moyen de dénicher rapidement d’éventuels défauts de fabrication », souligne Patrice Duboé.

Un cran plus loin, Vinci Autoroutes a recours à HoloLens pour obtenir une vue d’ensemble de ses projets autoroutiers avec la possibilité de descendre sur des vues plus détaillées, quel que soit l’angle. Le tout étant ensuite partageable avec toutes les parties prenantes dans une logique de co-construction. « Dans un second temps, HoloLens permettra de voir directement l’impact des projets sur le terrain et leur intégration dans le paysage local. Les riverains se rendront ainsi mieux compte des évolutions autour de leur logement, et les élus locaux pourront mieux valoriser les bénéfices des travaux menés », argue-t-on chez Vinci.

Sans surprise, le casque de réalité augmentée est aussi conçu comme un outil de formation. « Dans ce domaine, Airbus y a recours dans le cadre de ses simulateurs de vol. Le dispositif peut prendre en charge 70% des cas de figure, en termes de commandes ou de situations de vol », explique Patrice Duboé. Avant de livrer un nouvel appareil, Airbus forme également via HoloLens les opérateurs et personnels navigants, en leur faisant découvrir le cockpit, l’agencement de l’appareil… En fait, tout ce qui va leur permettre d’être immédiatement opérationnels. Objectif : réduire le time-to-market.

De même dans le bâtiment ou la construction, HoloLens est aussi un moyen de réduire le temps de formation. « Plus besoin d’aller sur un chantier en haut d’une grue pour se former. Avec le casque, on peut effectuer les mêmes manipulations que si l’on s’y trouvait, et ce, où que l’on soit. Aujourd’hui, on continue d’apprendre en 2D avec des manuels ou des écrans. Pourtant, l’immersion permise par la 3D permet d’obtenir un taux de rétention de l’information plus important, de 75% à 90%, contre 10% avec un diaporama. Le fait de réaliser les vrais gestes lors de la formation permet de les retenir plus facilement », insiste Florent Pélissier.

HoloLens 2 plein de promesses

« Sur le front de la réalité mixte, 2019 sera une année charnière », insiste Patrice Duboé chez Capgemini. La technologie va beaucoup évoluer dans les prochains mois. Les casques Windows vont s’alléger (la première version d’Hololens pèse 579 grammes) et leur autonomie s’améliorer. C’est en tous cas ce que promet Microsoft. Au programme des évolutions annoncées par l’éditeur pour ses HoloLens 2 : un champ de vision deux fois plus important, l’intégration de capteurs de suivi oculaires pour interagir avec les objets virtuels, la reconnaissance d’iris pour l’authentification…

Enfin, les casques Hololens 2e génération vont tirer profit du Cloud. Via le service Azure Remote Rendering, ils pourront faire appel à des ressources de calcul Azure pour obtenir des objets 3D plus fins. « Dans des scénarios industriels ou de formation médicale, chaque détail compte et la simplification des modèles peut entraîner la perte de détails importants qui sont nécessaires pour prendre des décisions clés », argue-t-on chez Microsoft. En parallèle, un autre service Azure, Spatial Anchor, aura pour but d’apporter le potentiel de la réalité mixte à iOS et Android.

Pour l’heure, l’une des principales alternatives aux casques Windows Mixed Reality, et capable de rivaliser avec eux, est le modèle proposé par la start-up américaine Magic Leap.

Source : journaldunet.com

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