L’industrie qui émerge sous nos yeux n’a plus rien à voir avec celle d’hier. Ce sont des « solutions industrielles », faites de briques manufacturières, d’intelligence et de services qu’il faut concevoir et commercialiser pour faire face aux besoins de mobilité, de vie en commun, de transition énergétique. Nos smartphones comme les voitures autonomes de demain illustrent les univers de connectivité et de mobilité que la nouvelle industrie produit à base de technologies de services et aussi d’objets manufacturés.
Ce basculement des produits aux solutions, de la production de masse au sur-mesure, se double d’une révolution manufacturière : l’industrie 4.0. Virtualisation des process, usage de l’intelligence artificielle, exploitation du big data, imprimantes 4D, réalité augmentée, Internet des objets, etc. Toutes ces disciplines et ces technologies concourent à une production flexible, autoadaptative, avec des chaînes non dédiées, pouvant produire par petites séries.
Réels atouts
Dans ce moment de bascule, la France a de réels atouts. Notre pays compte traditionnellement d’excellentes compétences en ingénierie, mathématiques et informatique. Il est d’ores et déjà bien placé sur le terrain de l’intelligence artificielle, du traitement massif des données ou des chaînes de production robotisées et connectées. Plusieurs champions français se sont affirmés dans ces secteurs, à l’image de Dassault Systèmes, du Groupe Fives, de Braincube, de Sigfox, ou du Groupe Gorgé.
Paradoxalement, le retard qu’ont accumulé les industries françaises ces quinze dernières années joue désormais en notre faveur. Nos capacités de production sont saturées, notre capital est vieillissant, le retard technologique dans la robotique et le numérique est manifeste, notre productivité en panne. Dès lors, les investissements actuels sont réalisés dans les technologies les plus avancées et les besoins de capacités de production laissent espérer des usines nouvelles. La France a toutes les cartes en main pour répondre à la nouvelle donne. L’industrie française a une opportunité historique de se refaire. Il faut la saisir.
Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS
Source : Challenges.fr
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