Il y a exactement cinquante ans, Sir Richard Branson lançait le magazine « Student », son tout premier business. Entrepreneur plein d’audace, grand baroudeur, touche-à-tout et visionnaire, le fondateur du groupe Virgin a depuis vécu de multiples vies, faisant le grand écart entre des projets d’entreprises très divers. Le milliardaire britannique revient sur les succès et les échecs qui ont jalonné sa carrière, et livre en exclusivité aux « Echos Executives » sa vision pas toujours conventionnelle de l’entrepreneuriat.
Lorsque l’on veut régler un problème qui est source de frustration, on a là une excellente raison de se lancer dans la création d’une entreprise, même sans en connaître le secteur. Si vous estimez, par exemple, que vous pourriez recevoir un service de meilleure qualité, que ce soit de la part d’une banque, d’un opérateur mobile ou d’une compagnie aérienne, et vous pensez pouvoir apporter une amélioration, il y a fort à parier que vous trouviez des consommateurs prêts à vous suivre. Pour réussir dans un domaine, que vous soyez expert ou non, la clef est de se différencier de la concurrence avec des produits et des services supérieurs, mais surtout de s’entourer d’employés motivés qui croient vraiment en ce qu’ils font.
Là encore, c’est une bonne stratégie si vous savez recruter les bonnes personnes pour vous épauler. Apprendre à déléguer est une compétence difficile et importante, que j’ai voulu acquérir rapidement. Cela m’a permis de trouver des individus brillants pour gérer toutes les entreprises Virgin. Aujourd’hui, cela me laisse le temps de me consacrer à de nouveaux projets, et d’avoir une vision d’ensemble du groupe.
A mes yeux, savoir faire preuve de leadership, c’est d’abord avoir une vraie capacité d’écoute. Il est aussi essentiel de bien comprendre la culture de l’entreprise que l’on dirige, d’être passionné par les objectifs qu’elle poursuit, et d’avoir de l’empathie pour tous les employés qui y travaillent. Lorsque toutes ces qualités sont réunies, les décisions qui sont prises dans l’entreprise sont généralement les bonnes.
Si un entrepreneur vous dit qu’il n’a jamais connu d’échec, c’est un sacré menteur ! Nous sommes tous, un jour ou l’autre, confrontés à l’échec. C’est ainsi que l’on parvient à développer les compétences nécessaires pour avancer. Des entreprises, comme Virgin Cola ou Virgin Bride, avec lesquelles nous avons effectivement essuyé de beaux revers, ont eu le mérite de me montrer tout ce qui peut se passer quand tout va mal, et m’ont permis de m’améliorer. Les succès que l’on vit après un échec n’en sont que plus satisfaisants.
La plus grande qualité d’un bon pitch est sa simplicité. S’il ne peut tenir à l’écrit sur le dos d’une enveloppe, il est trop long. Je dois comprendre le projet rapidement et de manière intuitive. Si ce n’est pas le cas, le client risque de ne pas comprendre non plus. Mais quand j’écoute une proposition, je pense autant au potentiel du projet qu’à la personnalité de l’entrepreneur qui le présente. A-t-il suffisamment de caractère, d’intelligence et de détermination pour réussir ? Si je pense que oui, je lui apporte mon soutien.
Les meilleurs entrepreneurs sont des gens qui prennent des risques. Mais ce n’est pas la même chose que de faire un pari. Il faut prendre des risques calculés, peser le pour et le contre et réfléchir aux scénarios catastrophes. Ensuite, toute la difficulté est de s’assurer que l’analyse des risques que vous faites n’est pas source de ralentissement, ou une incitation à l’inaction.
Nous sommes confrontés à de nombreux défis à l’échelle de la planète, le réchauffement climatique étant un exemple. Or, les réponses ne pourront pas venir des individus, des gouvernements ou des entreprises agissant seuls. Un concept qui me tient à coeur est celui du « cercle de solidarité ». Si chacun dessinait un cercle autour de soi, dans son environnement quotidien, en faisant la promesse d’aider chaque personne dans ce cercle, nous ferions déjà un grand bout du chemin. Les petites entreprises peuvent dessiner des petits cercles et s’atteler aux problèmes locaux. Par le biais de leurs produits, leurs services ou leurs investissements, les entreprises plus grandes peuvent tenter de résoudre d’autres problèmes, à l’échelle nationale.
Le plus important pour moi, c’est de réfléchir à des projets qui m’enthousiasment, et de tout faire pour les réaliser. Je veux bien entendu que le groupe Virgin continue à se développer et qu’il ait un impact positif sur les générations futures. Innover constamment et explorer des nouveaux secteurs est vital pour séduire de nouveaux clients. Mais pour réussir, je cherche toujours à en apprendre plus sur les opportunités à venir et je fais preuve de curiosité, sans me préoccuper de savoir si ce que je fais plaît à tel ou tel groupe d’âge.
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